samedi 28 avril 2007

MUSIQUE ET DANSE : Ivan Bellocq & Thierry Guedj

Accords parfaits

Quand la partition d'Ivan Bellocq, compositeur en résidence à l'école de musique et de danse de Bezons (Val d'Oise), rencontre la chorégraphie du danseur Thierry Guedj, le monde, soudain, est pris de vertiges.

Présenté à plusieurs reprises au public bezonnais, notamment dans le cadre du festival REV'arts, le quatuor L'abîme est en haut, création du compositeur Ivan Bellocq, en résidence depuis septembre 2006 à l'école municipale de musique et de
danse de Bezons (EMMD), sera donné à voir cette fois-ci sous une forme nouvelle puisque accompagné d'une chorégraphie conçue par Thierry Guedj, danseur, professeur de danse contemporaine à l'EMMD. Fruit d'une rencontre entre deux créateurs, enchantés l'un et l'autre d'avoir pu croiser leurs cheminements personnels, l'oeuvre finale s'enrichit de ces va-et-vient multiples entre les univers de la musique et de la danse. La réunion de ces deux mondes ne s'est pas faite sans un réel engagement de la part des deux artistes. Le passage d'une écriture de deux à quatre mains, pour plusieurs corps, exige effort et rigueur. Mais pas seulement. Du plaisir aussi. Énormément.

Un quatuor de danse vêtu

«Nous nous sommes rencontrés en septembre 2006, se souvient Ivan Bellocq. J'étais venu assister à plusieurs cours dirigés par Thierry Guedj. Je devais rendre la partition à la fin du mois de novembre. J'avais besoin de savoir pour qui j'allais écrire et j'éprouvais l'envie de cueillir des éléments susceptibles de me donner quelques pistes. » Les échanges sont fructueux. Le chorégraphe évoque l'idée de qualité de mouvements, parle de poids du corps, de verticalité et d'horizontalité, de glissements ou encore de rotations. Il rappelle les positions élémentaires situations simples, à partir desquelles il invente des formes : assis, debout, couché. Le compositeur écoute, concentré, respire les idées soufflées. Puis, il répond en quatre temps, «Vertige», «Giratoire», «Suspendu», «Lointain», qui rythmeront l'oeuvre musicale. La forme du quatuor, réunissant violon, violoncelle, accordéon et voix, s'impose alors.
« Cela faisait longtemps que je souhaitais me prêter à ce genre d'exercice, mais l'occasion ne s'était jamais présentée », souligne Ivan Bellocq, pour lequel il s'agit de la toute première collaboration avec un chorégraphe. Force de la rencontre. Énigme de la création. Les deux artistes se cherchent, s'apprivoisent. « Tout cela s'est passé de façon très naturelle, explique Thierry Guedj. Dès que j'ai entendu la musique d'Ivan, j'ai reconnu la possibilité de travailler dessus. » Comme une évidence. L'instinct aussi d'un chorégraphe, loin d'en être à son coup d'essai. Formé par Françoise Dupuis, artiste précurseur en danse contemporaine, il s'est aussi vu confier des chorégraphies pour de grands compositeurs, tels que Marcel Landowski.

Jeunes filles qui dansent

Donnée dans le cadre du Forum de la danse amateur de l'Adiam 95, la création sera interprétée par une dizaine d'élèves du cours de danse contemporaine, premier cycle, dirigé par Thierry Guedj. Côté musique, quatre professeurs de l'EMMD interpréteront sur la scène du TPE la partition d'Ivan Bellocq : Damien Michelozzi (violon), Henri Alécian (violoncelle), Martine Vove (accordéon) et Cécile Claude (voix). Une combinaison de professionnels et d'amateurs, appréciée des deux artistes qui ont vu en elle la possibilité de mener une expérience pédagogique extrêmement riche.
« Je me suis longuement interrogé pour savoir comment j'allais faire passer à la fois la danse et la musique contemporaines à mes élèves qui ont entre onze et quatorze ans, explique Thierry Guedj. Toute la difficulté était de les mettre à leur portée, en sachant qu'elles ne leur sont ni naturelles, ni familières. C'était un sacré pari.» Réussi. Le secret est sans nul doute d'avoir commencé à travailler sans musique, dans le silence, mais à l'aide de matériaux et d'objets (en l'occurrence, des élastiques) qui ont permis aux jeunes filles de mieux prendre conscience des mouvements et d'appréhender de façon différente leur rapport au sol. « La spécificité de la danse contemporaine est de mettre l'accent sur la musique des corps », confie le danseur. Une fois ce travail préparatoire accompli, tout l'art a consisté à faire se rencontrer la musique d'Ivan Bellocq, désormais enregistrée, et ces différents éléments chorégraphiques. Sans les plaquer. Mais en les invitant à coïncider. Tout en douceur.

Texte : Cécile Moreno
Photos
: Gilles Larvor (Ivan Bellocq & Thierry Guedj 2007)

*Association départementale d'information et d'actions musicales du Val d'Oise.


Les aventures d'un compositeur étonnant



Ivan Bellocq sera également à l'honneur samedi 16 juin, au théâtre Paul-Eluard, dans le cadre du forum des écoles de musique du Val-d'Oise, soutenu notamment par l'Association départementale d'information et d'actions musicales. Le public découvrira deux des nouvelles créations du compositeur : 5 Étonnements (orchestre à vent) et Aventure (orchestre à cordes), interprétés par des élèves de plusieurs écoles de musique, dont celle de Bezons. Trois compositions du répertoire de l'artiste seront aussi présentées : Hommage à Marx Ernst n°1 et n°2, Docteur Schweitzer et Un monde en chocolat, pièce ludique et gourmande, capable de faire fondre tout récalcitrant à la musique contemporaine.

Pour en savoir plus sur Ivan Bellocq :
http://www.ivanbellocq.com/


Texte : Cécile Moreno
Photo : Gilles Larvor (
Ivan Bellocq, 2007)

Aucun commentaire: